Portée par l'élan d’accompagner les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer, leur monde m'invite à les approcher et vivre une qualité de relation différente.

Au contact du corps, je leur prête une oreille attentive à la vie subjective et sensorielle, chacune mobilisée dans ce qui existe, au fond, pour elles, au présent. La rencontre sensible de deux humanités s'invente et s'écrit dans une autre vision, la leur. 

Mon approche relationnelle par le toucher m'aide à poser un regard vivant sur la personne malade au contact de sa réalité intime du moment. A mon tour je l'invite à donner voix à la richesse de ses réactions et ses sentiments. Je perçois mieux l'expression de son propre langage du corps et de sa parole. Le lien s'humanise. Les maux en mot ou son de voix et les dits du corps trouvent tout deux leur place.

Dans mes gestes corporels et une présence contenante, je m’engage dans une relation de réciprocité où le toucher vient à l’écoute de sa dimension affective et émotionnelle. 

Ouverte à la rencontre, je suis impliquée corporellement dans une disponibilité à la personne et ses ressources. Cette posture d’accueil laisse place à ce qui est, advient ou pas pour le sujet.

Au moment où se créer le contact, "une réciprocité corporelle" a lieu. Elle ouvre un espace d'échange où l'expressivité du corps parle, une histoire se tisse, un langage s'apprivoise, celui du sentir. Au fil des séances, la personne raconte là, où elle se trouve dans son chemin, dit comment ses yeux voient le réel, nomme comme le monde autour, la touche ou fait silence.

Alors mes mains sont comme des bras qui entourent ou rassurent. Dans notre espace relationnel qui prend forme je reçois et je donne aussi ce que j'éprouve, ce qui me touche de familier ou d'étrange. 

Une qualité de lien résonne ainsi dans nos mémoires et nous rapproche. La vision de leur existence nous éclaire et nous apprend à mieux vivre avec elle.